Walter s’avança au milieu des décombres, il remua quelques pierres du pied droit… Sur l’immeuble à droite du terrain on pouvait deviner sur le côté la hauteur du bâtiment qui avait jadis été occupé par Rose Ash. C’était son nom, du moins le nom que maître Rolin avait transmis à Walter et Dude.
Aucune autre construction n’avait pris la suite, le terrain était encore rempli de quelques restes, Jeffrey regardait Walter tourner en rond. Walter marmonnait dans sa barbe et Dude perçut quelques « putain de merde », « elle s’est barrée la salope », « saloperie de guerre »… Il était presque 13h00 dans la capitale française et Dude pensa qu’une bière bien fraîche leur ferait le plus grand bien.
« - Hé Walter ! Arrête de tourner en rond, tu trouveras rien içi, c’est fini, y’a rien à voir.
-Impossible Dude, je peux pas croire qu’on va pas passer à côté de 500 000 $ !!! Y’a sûrement un moyen de la retrouver !!!
-Te bile pas, t’as pas faim ? Allons manger un bout et on avisera après.
-T’as raison Dude ! Allons chez Dédé !!!
-Hein ? de quoi Walter ? »
Sur le trottoir d’en face se trouvait l’entrée d’un Bar restaurant « chez Dédé », la façade bien que repeinte récemment n’était pas en parfaite état et une odeur de graillon s’échappait de l’entrée.
« -Pourquoi là Walter ?
-Enfin Dude ! Réfléchis un peu ! Le patron doit bien savoir quelque chose, l’immeuble de Rose était en face de ce bar peut être depuis sa construction ! Fais moi confiance pour faire cracher le morceau à ce Dédé !
-Ok Walter. Mais Mollo.
-Comme toujours Dude, comme toujours… héhé. »
Le bar n’était pas bien grand, sur la gauche quatre table en bois foncé faisait face à une banquette en cuir rouge, au fond après la quatrième table un mur décoré de vitraux aux couleurs anarchiques laissait deviner un petit salon à l’ambiance plus intime. Sur la droite, au Bar deux hommes d’une trentaine d’années conversaient avec le patron qui était assis de l’autre côté, chacun avec une pinte de mousse discutait d’un sujet qui avait l’air de leur tenir à chœur.
Peu de lumière passait la porte d’entrée, et quand Walter empêcha le seul rayon de soleil de se diffuser dans la pièce les 3 hommes se retournèrent pour le dévisager.
« Booonjurrrr, fit Walter de son plus beau sourire avec un accent qui trahit sa nationalité avant même qu’il atteigne le bar.
-Ahh Americain !! Dit le patron ! Welcome ! »
Le patron avait l’air accueillant et pourtant à part ses deux amis aucun client n’occupait les tables. Il proposa à boire à Walter et Jeffrey dans un américain qui valait beaucoup mieux que leur français. C’était un homme de taille moyenne, habillé d’une chemisette colorée, les cheveux long attachés, des petites lunettes.
Dude aimait bien son style, Walter marmonna « - encore un hippie ! » et prit sa pinte de bière.
Un rock anglo-saxon était diffusé en fond sonore, « - c’est le plus calme ! » commenta le patron.
Ils prirent le plat du jour, des lasagnes maison. Ils restèrent au bar pour manger, afin de poser quelques questions au patron et aux habitués. Ils prirent une deuxième pinte pour accompagner les lasagnes et Jeffrey n’attendit pas que Walter dévoile son tact légendaire, il préféra engager la conversation. Il se fit passer pour un ami de Rose Ash et demanda si Dédé savait où la trouver.
Le patron du bar fut tout de suite moins conciliant et dit qu’il ne la connaissait pas. Jeffrey insista un peu mais le patron en réponse leur donna l’addition :
« - Ici c’est pas les renseignements !! Et je ne vous connais pas messieurs ! »
Walter qui avait attaqué sa troisième pinte n’avait plus les idées claires et se mit à hurler : « - A Donny !!! Fauché par cette putain de guerre !! Allez monsieur un bon geste ! »
Le patron regarda Walter et dit à Jeffrey :
« - de quelle guerre parle votre ami ?
-Du Vietnam, mais ça n’a rien à voir avec Donny, voyez vous nous pensons que Rose…
-MAIS SI !!! TOUT EST LIE, intervint Walter.
-Le Vietnam, j’avais un cousin américain, il y a perdu la vie. Dit le barman. Allez racontez moi votre histoire »
Jeffrey n’en croyait pas ses oreilles, cette guerre était partout, il ne s’en sortirait jamais !!
Il essaya de raconter au mieux leur mésaventures, le quiproquo avec l’autre Lebowski, les nihilistes, la mort de Donny… Walter l’interrompait souvent et rajoutait au récit des anecdotes liées à la guerre, le patron l’esprit embrumé par la bière avait du mal à suivre mais compris que Donny était sûrement le père des enfants de Rose.
« - Des enfants !!!!! s’écria Dude !! Non vous m’avez mal compris : De l’enfant !!! Il n’y en a qu’un seul !! Les autres ne sont pas de Donny !
-Alors là ça m étonnerait bien ! Faudrait m’expliquer comment votre pote à réussi à lui en faire qu’un sur les deux vu que se sont des jumeaux !!! »
Walter se mit à rire aux éclats : « - Sacré Donny !!! A Donny !!! » Brailla-t-il encore une fois.
Dédé le suivi dans ses hurlements pendant que Jeffrey se tenait la tête à pleine mains.
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